Après être passés de l'autre côté, y a-t-il un retour possible ?
- E. Gonçalves
- 31 août 2024
- 4 min de lecture
Pendant ma vie, j'ai souvent entendu la phrase : "une fois que l'on passe de l'autre côté, il n'y a pas de retour possible." Mais est-ce vraiment le cas ? Peut-être que cette phrase n'est mentionnée que dans des situations où il n'y a réellement pas de retour, c'est-à-dire au moment où nous prenons une décision. Après un choix, en effet, il n'y a pas de retour en arrière, seulement les conséquences de ce choix, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Cependant, même s'il n'y a "pas de retour possible" dans le sens où nous ne pouvons pas remonter le temps, nous pouvons toujours retrouver nos principes, ceux que nous avions avant de franchir cette ligne, cette limite.
Prenons l'exemple d'une personne qui se drogue :
Joaquim était un bon garçon. Comme tous les êtres humains, il a dû faire face à une épreuve émotionnellement difficile : il a perdu ses parents dans un accident. Comment surmonter la douleur ? Surtout quand les personnes avec qui il se confiait le plus ne font plus partie de sa vie, ne sont plus de ce monde. Joaquim a trouvé un groupe d'amis qui l'a aidé à surmonter cette période, mais avec l'aide de la drogue. C'était facile : il oubliait et se sentait libre de ses problèmes lorsqu'il utilisait cette substance. On dit qu'il a été malchanceux, dans "notre monde". Un garçon qui aurait pu aller loin, mais une tragédie est tombée sur lui, et pour se débarrasser de ses problèmes, il s'est engagé dans une voie d'où il ne pouvait plus se détourner. Mais, comme on peut l'imaginer, les problèmes, les sentiments et la douleur ne disparaissent pas lorsqu'on ne les traite pas de manière appropriée. Alors, il a décidé de franchir la ligne, de passer de l'autre côté, un côté plus sombre, d'où il ne pourrait pas revenir...
Je me sers de cette histoire comme exemple pour illustrer plus facilement mon dilemme. Honnêtement, j'ai mes démons et un grand défaut : je deviens menteuse quand j'ai peur de faire face aux gens, et je m'en rends de plus en plus compte. Je suis de plus en plus consciente de cela.
Quand je ne veux pas sortir, je mens. Quand je ne veux pas aller à une fête de fiançailles ou à un mariage, je trouve une excuse à dernière minute. Des justifications graves, que j'ai honte de mentionner ici. Un jour, le ciel me punira pour tous les mensonges que je raconte, que j'ai inventés par peur d'affronter la réalité : j'ai peur de décevoir les gens autour de moi, j'ai peur de les blesser, j'ai peur de ce qu'ils penseront de moi. Ce n'est pas noble; c'est lâche. Il est temps d'appeler les choses par leur nom.
C'est ridicule à quel point je suis devenue anxieuse (sentiment négatif) à l'idée de recevoir une proposition de travail dans un endroit que je n'apprécie pas. Mon esprit est entré en ébullition, car mille et une pensées ont envahi mon être :
"Tu devrais avoir honte, tant de gens ont besoin de travail et toi, tu envisages de refuser un poste simplement parce que tu ne te sens pas à l'aise."
"Dans tous les emplois, il y a des désaccords, accepte, ravale, c'est la vie; les autres font ça."
"Arrête d'être si sensible, tu devrais apprendre à avaler et à travailler comme une professionnelle. Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?"
"Pourquoi n'arrives-tu pas à faire quelque chose de si simple ?"
"On t'a donné une opportunité, accepte et ne te plains pas. Apprends ce que tu as à apprendre et ensuite trouve autre chose."
Et bien d'autres pensées. Au milieu de cette confusion, j'ai décidé que je n'y resterais pas, même si on me le demandait. C'est un choix difficile parce que je sens que je suis égoïste et que je déçois tous ceux qui m'entourent, mais c'est mon avenir. Pourquoi devrais-je me soucier de ce que les autres en pensent ? Les conséquences de mes choix c'est à mois de les assumer.
Suis-je en train de devenir une princesse gâtée ?
Ma tête est en ébullition.
Mais, après que la décision soit devenue claire dans mon esprit, je me suis sentie épuisée. Je me suis pas présentée au travail parce que je le voulais. C'est la première fois que je fais cela depuis que je suis entrée sur le marché du travail... Qui suis-je ? Moi, même malade, je vais travailler. Moi, quand je me suis foulé la cheville et qu'elle a enflé, je suis allée travailler. Moi, après m'être blessé au poignet et ne pas pouvoir le bouger, j'ai décidé de continuer à travailler au lieu d'aller chez le médecin. Qui suis-je ? Qu'est que suis-je devenue ?
Peut-être est-ce l'équilibre que j'ai demandé au ciel, peut-être est-ce le signe que j'ai commencé à me valoriser avant tout. Mais, était-il nécessaire de mentir ? Était-il nécessaire d'appeler le médecin et de simuler une maladie que je n'ai pas pour obtenir un arrêt de travail ? Était-il nécessaire de faire tout cela ? Au fond de moi, j'ai honte; je pense que j'ai franchi une ligne dont je ne pourrai pas "revenir en arrière."
Une théorie vient de me traverser l'esprit : il est nécessaire de passer par l'extrême des deux pôles pour pouvoir trouver l'équilibre. Il faut être à l'aise avec les deux extrêmes pour trouver l'équilibre, car je suis consciente que les deux côtés de la balance, lorsqu'ils pèsent trop, ce n'est pas sain.
Peut-être que c'est ce qui me distingue des autres : ma conscience.
S.
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