Kafka - Métamorphose
- E. Gonçalves

- 2 mai
- 3 min de lecture
Un matin, je me suis levée avec l’envie de sortir et de me rendre dans une librairie. Ce n’était pas pour acheter un livre particulier, mais plutôt pour découvrir, voir, et sentir l’odeur des livres. J'ai demandé à ma sœur si elle souhaitait m’accompagner, et elle a accepté.
C’est là, dans cet endroit, que j’ai croisé le livre La Métamorphose de Kafka. Je l'avais déjà entendu mentionner, mais je n’avais jamais ressenti le besoin de l’acheter. Il était devant moi, avec plusieurs couvertures différentes, et j’ai pris le temps de lire la quatrième de couverture. Je l’ai acheté.
Avant de commencer ma lecture, j’ai voulu en savoir un peu plus sur l’auteur, sur son histoire de vie, car je pensais que cela m’aiderait à mieux comprendre son choix d’écriture. Kafka a eu une relation complexe avec son père, un homme autoritaire et distant, ce qui a probablement nourri chez lui un sentiment de rejet, d'invisibilité, de manque de valeur. À travers ce livre, Kafka semble transmettre la douleur d'une existence marquée par ce type de relation familiale.
La Métamorphose est un livre court, mais il illustre parfaitement bien ces émotions de malaise et de déconnexion avec le monde environnant. En lisant ce texte, je me suis retrouvée dans certains aspects de l’histoire, bien que la situation de Gregor Samsa diffère de la mienne. J’ai grandi dans une maison dominée : cinq oncles, un père, un grand-père, un grand frère, et puis les seules femmes, ma mère et ma grand-mère. En grandissant, j’ai souvent ressenti que ma place dans cette famille était floue, que je n'étais pas traitée de la même manière que mon frère. Le fait qu'il y ait davantage d'hommes que de femmes dans cette maison compliquait encore plus les choses. De plus, mes principes, mes envies, et ma manière de penser étaient souvent en décalage avec ceux de ma famille, ce qui rendait encore plus difficile ma quête de place parmi eux.
L’histoire de Kafka a résonné en moi. J’ai toujours eu ce sentiment étrange, comme si ma présence ne changeait rien et que, si je disparaissais, personne ne remarquerait mon absence. Je crois que beaucoup d'entre nous connaissent ce sentiment de ne pas avoir de place dans leur propre famille, parfois parce que nous avons des idéologies différentes, ou parce que nous sommes perçus comme "fous" ou "difficiles". Moi, on me considérait comme « intelligente », ce qui, au début, m’a plu, car cela me faisait sentir vue et admirée pour ma façon de penser. Cependant, avec le temps, j'ai compris que ce n’était qu’une illusion. J’étais trop complexe pour eux. Ce que je trouvais normal, ils le percevaient comme anormal. Je me battais pour mes droits et rejetais tout ce qui semblait être le « devoir » imposé aux femmes. Je n’acceptais pas que ma valeur en tant qu’être humain soit déterminée par mon sexe. Cette idée me révoltait, et je refusais de la faire mienne. Et... je n'avais toujours pas trouvé ma place. Kafka, lui, n’a pas trouvé sa place auprès de son père, car leurs personnalités étaient opposées. Au moment de prendre une décision concernant la vie du personnage, Kafka évoque l’hésitation du père, et le personnage lui-même admet qu’il ne connaissait pas cette facette de lui. C’est là un espoir, non seulement pour le personnage, mais aussi pour l’auteur. À travers La Métamorphose, Kafka met en lumière, au début, un espoir de réconciliation ou d'acceptation. Cependant, cet espoir s'effondre à la fin, lorsque Gregor réalise qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à nous aimer ou à nous accepter pour ce que nous sommes.
Cela m'a fait réfléchir. Nous passons notre vie à chercher l'acceptation de nos proches, de nos parents, sans réaliser que courir après des émotions et des attachements inexistants nous fait énormément de mal. Et quand nous prenons enfin conscience que nos efforts ne mènent à rien, il est souvent trop tard, notre vie est déjà passée. C'est difficile à le dire, mais la vérité, c'est que nous ne sommes pas acceptés, non pas parce que nous ne le méritons pas, mais parce que les autres n'ont jamais vraiment voulu nous accepter.
E.




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